...Tous les vendredi après la prière, le petit village de Bil'in est en effervescence. Des centaines de pacifistes occidentaux débarquent des taxis et autres camionnettes pour manifester contre le Mur qui sépare les villageois de leurs terres cultivables. Les enfants de ce village ne sont plus du tout impressionnés par le déferlement hebdomadaires d'américains, de français, d'allemands, de suédois, d'italiens, de canadiens, mais aussi et surtout d'israéliens anticolonialistes qui viennent ici partager la lutte avec les palestiniens. La majorité des troupes de ces manifestations, est d'ailleurs composée de ces jeunes israéliens qui refusent l'occupation que leur pays impose aux palestiniens.
Nous voici donc, tous internationaux confondus avec les palestiniens du village, lancés dans une manifestation pacifique. Huit minutes plus tard, après avoir parcouru 150 mètres, l'armée israélienne déferle, toutes armes dehors tirant à tort et à travers et hurlant dans des haut-parleurs.

Les manifestants israéliens qui se placent généralement à l'avant du cortège, tentent de communiquer avec les soldats en hébreux, mais ce jour là, les soldats étaient particulièrement chatouilleux. Sel
on de nombreux témoins, d'habitude le c
ortège arrive au moins jusqu'au mur. Là, nous n'avons même pas eu le temps de l’apercevoir. Les soldats ont chargés en tirant d'abord avec des balles en caoutchoucs, puis des bombes sonores, lacrymogènes et enfin à balles réelles. Nous avions pourtant tous levés les mains, montrant pertinemment que nous n'étions pas armés... ils n'en avaient visiblement rien à secouer. Nous avons tenté de prendre un second passage, mais le groupe était déjà disloqué, et chacun courrait s’abriter. Un petit groupe d’internationaux sont restés coincés derrière un muret, sous le feu des soldats.

Check point de Kalandia
Nous
Je range donc mon appareil, et elle continue à vociférer, sa voix résonnant dans tout le check point. Le jeune palestinien me traduit m'expliquant qu'elle décrit mes habits aux autres soldats, qui contrôlent les gens au compte goûte. Ils m'appellent donc à passer devant tout le monde afin de vérifier mon appareil. Je sors mon passeport pour leur faire comprendre que je ne parle ni l'hébreux, ni l'arabe. Derrière une vitre blindée, je vois apparaître une petite jeune femme, qui doit avoir mon âge et qui se met à hurler : "Tu as pris une photo? tu mens, tu as pris des photos, donne moi ton appareil !". Elle me fait entrer dans une toute petite salle, où deux soldats viennent contrôler ma petite caméra. Par je ne sais quel miracle, mon appareil était tombé en panne dans la mâtiné. On pouvait toujours filmer, mais il était impossible de revoir ce qui venait d'être enregistré. Heureusement d'ailleurs, car la cassette contenait entre autre, le film de la manifestation de la matinée. Sûre de moi, je hurle à mon tour : "vous voyez bien qu'elle est cassée, comment je peux prendre une photo alors qu'elle ne marche pas!". Les deux jeunes hommes m'ont regardé, ébahis, m'ont rendu ma caméra et m'ont finalement laissé partir...Ouff !
Nous avons passé une nuit bien méritée à Jérusalem. Demain, nous allons dans le nord, à Naplouse, l'une des villes les plus secouer par la violence de l'armée israélienne...
Nadia S.
2 commentaires:
Très intéressé par ton blog .
Je cherchais quelque chose du genre depuis longtemps .
J'ai un site tout à fait complémentaire au tiens ,où tu trouveras tout ce que tu veux sur le conflit israélo-palestinien : politique,économique,militaire,religieux,sociologique,historique...
Pages d'actualités ...
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Des centaines de photos .
Des centaines de cartes .
http://palestine1967.site.voila.fr
Je suis tout ouvert à une collaboration entre sites .
Merci .
Bonne chance .
Fais gaffe quand même ...
Nadia,
Ton courage est phénoménal. Que la force soit avec toi! Très très bien fait cet article. Seul des civils, venus d'ailleurs, notamment d'Europe, peuvent arrêter la machine à tuer dans cette partie du Moyen-Orient car, les Etats sont démissionnaires.
A bientôt !
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