29 septembre 2007

Portfolio : Le camp de l'Ein sous le choc

Nous sortons le matin du départ des soldats pour mesurer l'impact des dégâts causés dans le camp de réfugiés.













Il est difficile de se déplacer dans les ruelles recouvertes des restes des maisons détruites et saccagées par les soldats israéliens.









Des étages entiers sont partis en fumée. Les familles des hommes recherchés payent le prix fort : la destruction totale de leur maison.























Les enfants, sortent hagards après trois jours de couvre feu complet. Ils récupèrent ce qui peut l'être, certain garde dans leur regard, la marque de la souffrance. Dans les camps, tout se lit dans les yeux des enfants.











La maison de cette petite fille, à droite, a été occupée par les snipers israéliens. Ils sont entrés chez elle, ont saccagé sa maison et fait des trous dans les murs pour pouvoir tirer sans être vu.




















Beaucoup d'enfants jouent avec ce qui reste des soldats : des grenades qui n'ont pas fonctionnées, où l'on peut lire des inscriptions en hébreu. 









Les visites s’enchaînent chez les habitants du camp de réfugiés. Comment expliquer l'inexplicable ? Que répondre à leurs questions et à leurs témoignages...






Une famille évoque les menaces sur des bébés de 6 mois parce qu'ils crient trop fort à la vue des soldats, Tous rcontent qu'ils ont été enfermés dans une pièce, souvent la salle de bains pendant deux jours sans rien à manger, pendant que les soldats occupent, pillent, saccagent et tirent dans les maisons. beaucoup de jeunes ont été emmené pour "raison de sécurité", la plupart sont des mineurs. 




















Le bilan du côté palestinien est de 19 blessés et deux morts : l'un, jeteur de pierre de 16 ans (dans le drap rouge aux couleurs du Front Populaire de Libération de la Palestine, parti gauchiste palestinien), l'autre handicapé de 38 ans : le crieur du Ramadan, dans un drap vert au couleur du Hamas. Toutes les familles sont affiliées politiquement dans les territoires. Les soldats israéliens ont aussi perdu un soldat au cours de cette incursion
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Le camps d' Al'Ein relève la tête doucement, fier de dévoiler qu'aucun des combattants que les israéliens étaient venus chercher n'ont été arrêtés.




Nadia S.

18 septembre 2007

Incursion militaire au camp de l'Ein

Il est trois heures du matin ce mardi 18 septembre dans le camp d'Al’Ein, à l’ouest de la ville de Naplouse dans le nord de la Cisjordanie. Peu après le passage du « crieur » du Ramadan, les réfugiés sortent difficilement de leur sommeil. Tout à coup, alors que les femmes finissent de préparer la nourriture, des explosions se font entendre non loin de là.

Les combattants palestiniens du camp, qui arpentent les rues la nuit, se mettent à tirer et le fracas des balles réveille en sursaut les réfugiés. Les jeunes hommes se téléphonent pour comprendre ce qui se passe « Il y a plusieurs dizaines de jeeps israéliennes à l’entrée du camp » témoigne l’un d’entre eux. C’est alors qu’un israélien se met à hurler dans son haut parleur « tout le monde sort de sa maison. Dehors, dehors ! » Ses demandes restent lettres mortes, mais alors qu’il tente à nouveau d’alpaguer les réfugiés, les résistants tirent, supplantant sa voix de coups de feu réguliers. Il réplique alors d’un ton cynique : « Ne vous énervez pas, nous n’avons pas encore commencé. » Les jeeps prennent place tout autour du camp, l’encerclant totalement. Les tirs ne cessent de résonner durant toute la première partie de la matinée, suivi de près par le hurlement des enfants terrorisés. Lorsque le soleil est bien levé, des voix masculines s’élèvent dans les ruelles : « allahou akbar wa lila’ilhamd ! » crient elles, suivit par quelques enfants.

On apprend qu’un groupe de soldats voulant pénétrer dans une des maisons du camp s’est fait prendre à partie par les habitants qui leur jettent détritus, pierres et insultes. Les soldats israéliens ne pénètrent pas directement dans les ruelles étroites, ils entrent dans les premières maisons, cassent les murs des voisins et passent ainsi d’une maison à l’autre. Il est près de huit heures du matin et les résistants se sont mis en place dans les rues parallèles à l’emplacement de la majorité des jeeps israéliennes. Trois puis quatre combattants en armes, certains masqués, s’amassent près de la ruelle qui leur permet de tirer directement sur les jeeps. Hommes, femmes et enfants se pressent au pas de leurs portes, curieux de voir les combats faire rage. Ils partagent alors, entre voisin, l’angoisse et la peur, ne s’éloignant pas de leur maison, sachant qu’au bout de la ruelle, la mort les attend.

Sporadiquement, des explosions retentissent. Les combattants répliquent, envoient des bombes artisanales dans la ruelle sachant que dans les maisons proches, les soldats creusent leur tunnel chez les habitants : ils approchent. Les hauts parleurs des mosquées sont mis à disposition et les messages de demande d’aide à la ville s’élancent dans la vallée : « Le camps de l’Ein est sous siège et les habitants ont besoin de vous ! » entend-on. Mais l’aide ne viendra pas. Les journalistes commencent à arriver non loin de l’entrée principale du camp, ainsi que des organisations internationales, notamment médicales. La nouvelle se répand : un jeune palestinien de 16 ans a été tué, voulant se rebeller contre le passage de l’armée chez lui. Le silence s’installe dans les rues, les habitants ne disent mot. Puis, les tirs reprennent et c’est à la télévision que les réfugiés entendent qu’un soldat a été tué et un autre blessé par les tirs des combattants. Le camp est coupé en deux par un immense boulevard où s’amassent la plupart des jeeps. Lorsque l’attaque se précise dans l’autre partie du camp, certains résistants prennent un peu de répits, confie leurs armes aux jeunes ravis de pouvoir les aider et entrent dans les maisons pour se restaurer.

L’un d’entre eux trouve le sommeil, protéger par des jeunes qui ouvrent l’œil à sa place. Il dort dans la rue, son masque remonté sur son crâne et son arme serrée contre lui comme sa seule garantie de survie. Il ne sommeillera qu’une demi heure, surpris par la reprise intense des tirs. Des blessés arrivent en trombe dans les maisons les plus protégées des attaques israéliennes où des membres du Croissant Rouge tentent d’apaiser la douleur crée par les balles transperçant les corps de ces jeunes civils. L’appel à la prière du Maghreb retenti, chacun se presse pour rompre le jeûne de cette fin de journée mouvementée en plein cœur du mois sacré de Ramadan. Des combattants se réunissent dans la rue, en petit groupe autour d’un repas bien garni, fourni par les habitants du camp qui donnent sans compter, nourriture et boissons. Il faut prendre des forces, la nuit s’annonce longue et périlleuse.



Le lendemain, les soldats ont envahis le camp entièrement et l'angoisse de leur arrivée laisse place à la réèlle peur de leurs actions. On sent nos vies sans plus de valeur, elles sont entre leurs mains, ils peuvent faire ce qu'ils veulent. A droite, un soldat dans les ruelles du camp.


Nadia S.

17 septembre 2007

Y aurat il ou pas sommet international sur la paix ?

Codoleezza Rice entame dès mardi une petite tournée israélo-palestinienne afin de préparer la grande rencontre de cet automne ayant pour but de relancer la paix au Proche Orient, expressément initiée par Georges W. Bush et qui doit se tenir à Washington. Après maintes contradictions, les leaders politiques israéliens et palestiniens semblent dans l’impasse et attendent de Mme Rice quelques éclaircissements.

Les questions sont d’autant plus nombreuses que le premier ministre israélien vient de déclarer que la grande réunion d’automne ne pourra déboucher que sur un accord de principes. Grande déception du coté arabe et notamment palestinien, ou les différents leaders politiques attendent avec impatience la venue de Mme Rice pour éclaircir quelques points sur la réelle implication d’Israël dans ces pour parlers. Car Israël semble jouer sur deux tableaux. Dans un premier temps, le gouvernement hébreux et l’Autorité Palestinienne ont rédigé un accord de principe en huit points, particulièrement claires, comprenant notamment l’évacuation des colonies et l’arrêt de l’occupation militaire, avec pour but la création d’un état palestinien désarmé dans les territoires de 67. Certains blocs de colonies seront récupérés par l’état d’Israël en échange de terres habitées par une majorité d’arabes. Les détails des frontières seront discutés en fonction des besoins démographiques et sécuritaires des deux gouvernements. Jérusalem sera la capitale des deux états avec la mise en place d’une politique commune concernant les accès aux lieux saints de la ville. La question des réfugiés est abordée mais sans détails, disant juste que leur souffrance devra être reconnue et leur situation régulée. Cet accord de principe a, dans un premier temps, été réfuté par les deux parties. Puis, Olmert a avoué l’existence de cet accord lors d’une réunion de Kadima, son parti politique. Cet accord précède la grande rencontre sur la paix au Proche Orient, qui doit avoir lieu cet automne à Washington. Cependant, une nouvelle déclaration vient entacher les procédures encourageantes des deux parties. Un communiqué du premier ministre israélien explique que la rencontre d’automne ne sera pour sa part, qu’ « une déclaration de principe », mettant de côté toute action probable sur le terrain. La déception du côté arabe et notamment palestinien est palpable, même le gouvernement saoudien met entre parenthèse sa participation si cet accord ne devait déboucher que sur des mots couchés sur un morceau de papier. Moustapha Barghouti, ancien ministre de l’information palestinien et membre du parlement, s’indigne de cette nouvelle déclarant que « Israël n’est donc pas un partenaire fiable pour la paix et le gouvernement d’Olmert est donc incapable d’établir la paix par le biais de négociations sérieuses, ils couvrent ensuite leurs fautes en accusant les palestiniens. » déclare t il lors d’une conférence de presse. Il ajoute qu’il serait particulièrement dangereux pour les palestiniens d’accepter des accords de transitions et que la paix et l’ordre ne peuvent revenir qu’après la création d’un état palestinien souverain. L’arrivée de Mme Rice ce mardi dans la région est donc sous le poids de cette contradiction israélienne. Elle devra accorder les violons des protagonistes et répondre aux nombreuses interrogations et suspicions qui se sont répandues auprès des leaders politiques, notamment du côté arabe. Mahmoud Abbas lui même menace de boycotter le sommet de Washington si pour les israéliens, cette réunion ne revient qu'à de la parlotte. Que pourrait donner un sommet sur la paix au Proche Orient sans le président palestinien ? pas grand chose... ou du moins, comme le souhaite Olmert, un simple accord de principe sans aucune réalistion possible sur le terrain.
Nadia S.

16 septembre 2007

Restriction d’accès pendant Ramadan

Cette année, le mois de Ramadan a débuté le jour de Rosh Ashana, c'est-à-dire du nouvel an juif. Merveilleuse coïncidence pour certain, mais dans les territoires palestiniens, cette concordance des dates rime avec fermeture d’accès aux mosquée saintes. Durant les quatre jours de fêtes en Israël, les territoires palestiniens ont été purement et simplement bouclés.

« C’est fermé aujourd’hui. » hurle un rabatteur de la station de bus palestinien de Jérusalem « Le bus vous conduit au check point, après vous devez passer à pied et prendre un autre moyen de transport pour vous rendre où vous voulez. » précise-t-il à la foule perdue aux milieux des véhicules. Nous sommes le premier vendredi du mois de Ramadan, et les bus se bousculent pour sortir du parking situé non loin de la porte de Damas, à Jérusalem. La prière est terminée à la mosquée d’Al Aqsa et déjà ceux qui ont eu l’opportunité de s’y rendre, se pressent pour rejoindre les territoires palestiniens. Les bus sont pleins à craquer et les embouteillages se font sentir. Malgré les restrictions imposées aux check points de Cisjordanie, ils étaient plus de 50 000 palestiniens à prier dans la mosquée sainte de Jérusalem. La radio israélienne avance un chiffre de 93 000 fidèles présents ce vendredi sur l’Esplanade des Mosquées. « Il y a plus d’une demi million de palestiniens qui ont tenté de se rendre à Al Aqsa ce vendredi. » témoigne Najeed Faroun, manager du bureau du ministre palestinien des affaires religieuses. « Ces fermetures ne sont pas justes pour Ramadan ou pour les fêtes juives, Jérusalem est interdite aux palestiniens toute l’année. » affirme-t-il. « Cependant, les habitants espèrent toujours que pour le Ramadan les israéliens les laisseront allé prier à la mosquée d’Al Aqsa. Mais ils doivent avoir une permission de passage qui n’est donné qu’aux gens âgés de plus de 40 ans. » Insiste Najeed Faroun. Cette année, les limitations sont strictes et appliquées sur la majorité des barrières militaires de Cisjordanie, pour éviter un amassement important de gens au point de passage de Qalandia, reliant directement la ville de Ramallah à Jérusalem-Est, et strictement limité par les soldats israéliens, aidés de multiple accessoires technologiques de détection de métaux en tous genres. Les palestiniens qui espèrent être autorisés à se rendre à Jérusalem doivent être âgés de plus de 45 ans pour les hommes et de 35 pour les femmes. Cependant, cette restriction reste très arbitraire, car Mustapha Barghouti, ancien ministre de l’information, âgé de 53 ans a été recalé quatre fois au passage vers Jérusalem. Il a dénoncé l’augmentation de policiers israéliens aux check points, ainsi que dans les alentours de la mosquée d’Al Aqsa, dans la vieille ville d’Al Quds, ceci pour renforcer la fermeture des territoires décidée dans le but de préserver les festivités de Rosh Ashana, le nouvel an Juif. « Jérusalem-Est est censé être notre capitale ; que nous soyons chrétiens ou musulmans nous devrions avoir le droit d’y aller quand bon nous semble. » explique Najeed Faroun. La mosquée d’Al aqsa n’est pas la seule à être la proie de fermeture arbitraire, la mosquée d’Ibrahim, à Hébron subit le même sort. Depuis jeudi, elle est fermée aux habitants palestiniens de la ville, mais devrait rouvrir ses portes dimanche. « Les israéliens ont fermé la mosquée d’Ibrahim pour cause de fêtes juives. Ils ont interdits à toutes personnes de pénétrer dans les lieux. Ils devront normalement la rouvrir dès dimanche.» Précise Najeed Faroun. « C’est particulièrement triste qu’ils interdisent l’accès aux lieux saints à des gens qui veulent prier et se recueillir » se désole-t-il. « Dans aucun accord, de Genève ou autre, il n'est mentionné qu’il est possible de restreindre l’expression religieuse d’un peuple. » Conclu-t-il.
Nadia S.