17 octobre 2007

Polémique autour du projet de route dans les territoires palestiniens

Peu avant l’arrivée de Condoleezza Rice au Proche Orient, le gouvernement israélien a annoncé la réquisition de plus de 1 100 dunams de terrains palestiniens pour la construction d’une nouvelle route. La polémique autour de la raison stratégique de cette décision a été l’un des sujets abordés par Mme Rice lors de ses différentes visites.


Le ministère israélien de la défense a réquisitionné plus de 1 100 dunams de terre palestinienne pour la construction d’une nouvelle route permettant de relier les villages palestiniens de la région sud-est de Jérusalem à Jéricho, dans la vallée du Jourdain. Selon l’armée israélienne, ce projet a pour but l’amélioration de la vie des palestiniens. Cependant, le tracé de cette nouvelle route est stratégiquement étudié pour permettre l’annexion à Israël de la plus grande colonie de Cisjordanie : Ma’ale Adoumim, qui compte 32 000 habitants. C’est à ce propos que Mme Rice a prié le gouvernement israélien de ne rien entreprendre qui pourrait « éroder la confiance des palestiniens. »


Quatre villages ont vu leurs terres réquisitionnées : Abu Dis, Arab al-Sawahra, Nebi Musa and Talhin Alhamar. 70% des terres confisquées appartiennent aux habitants du village d’Abu Dis. «Nous avons reçu un avis de saisie il y a une semaine, témoigne Ibrahim Jaffal, le maire d’Abu Dis (sur la photo avec le document envoyé par le gouvernement israélien). Mais ces terres ont été confisquées en 1981 et sont devenues une zone militairement fermée. Depuis, nous n’avons pas le droit d’y mettre les pieds.» Ajoute-t-il.




Cette route vient s’ajouter à la construction du mur à l’est du village d’Abu Dis, complétant celui qui existe déjà, à l’ouest (voir photo à gauche). Ce nouveau mur, en cours d’édification, participera à l’intégration de la colonie de Ma’ale Adoumim à Israël en séparant totalement le village de la zone coloniale (voir photo ci dessous : la colonie derrière les fils barbelés et une nouvelle route d'apartheid se construit).





« Le mur va finir par entourer toute la région sud-est de Jérusalem, qui compte 70 000 habitants, et ils vont continuer jusqu’à ce qu’ils atteignent le village d’Arata, au nord est de Jérusalem. Ils ont déjà commencé à travailler sur les confiscations, constituant en tout, 8500 dunams de la terre de notre village. » Insiste le maire d’Abu Dis.


C’est le fameux « projet E1 » relancé par Sharon en 2005. Le professeur Meir Margalit, coordinateur du Comité israélien contre la destruction de maisons, s’inquiète : « Nous sommes préoccupés par la relance de ce vieux projet israélien qui consiste à construire 3500 logements sur la zone E1 entre Jérusalem Est et la colonie de Ma’ale Adoumim. Si cette connexion se fait, elle coupera la continuité entre le nord et le sud de la Cisjordanie et rendra alors quasi impossible l’établissement d’un état palestinien viable. » Déclare-t-il. L’état Hébreux veut intégrer la route déjà existante entre Jérusalem et Jéricho, et la réserver spécialement aux israéliens. « C’est une nouvelle preuve que nous vivons dans un état qui impose le système d’apartheid », ajoute Meir Margalit.


Les villageois ont 21 jours à compter de ce mardi pour manifester leur mécontentement auprès d’une cour de justice. « Nous avons contacter notre avocat, et nous allons allé devant la Haute Cour de Justice israélienne. affirme M. le maire. « Nous avons déjà réussi à ce que ce sujet soit abordé par Codoleezza Rice lors de sa visite, en espérant que les pressions américaines serviront à quelques choses, même si nous n’avons aucune confiance envers le gouvernement américain. » Pour nombre de points stratégiques, les palestiniens mettent à l’épreuve la crédibilité de la diplomatie américaine et son poids sur les décisions israéliennes.


Nadia S.

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