28 octobre 2007

Israël coupe l’électricité en réponse aux tirs de roquettes

Le ministre de la défense israélien, Ehud Barak, a annoncé, jeudi, la mise en place d’une action d’envergure pour lutter contre les envois de roquettes quotidiens sur le territoire israélien : la coupure de  l’électricité.  Un aveu d'échec de la tactique militaire israélienne. Les habitants palestiniens craignent une crise humanitaire majeure.


Malgré de nombreuses interventions militaires meurtrières dans la bande de Gaza, l'armée israélienne n’a pas réussie à stopper, ni même à réduire le nombre de roquettes artisanales lancées sur son territoire. L’état Hébreu, par le biais d'Ehud Barak, a décidé de couper l'électricité à tout moment, d'abord pendant 15 minutes et puis de plus en plus longtemps à chaque fois qu’une roquette tomberait sur le territoire israélien. La bande de Gaza est en effet dépendante à 60% de l’électricité israélienne.

Punition collective

Les ONG présentes sur le terrain joignent leurs indignations aux doutes de Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies, concernant cette « punition collective », contraire aux lois internationales. « Jouer avec l’électricité, c’est jouer avec le feu, prévient ainsi l’ONG israélienne, Gisha, dans un communiqué. « Gaza n’est pas un “pays étranger”, Israël continuant d’opérer un total contrôle sur tous les aspects de la vie dans la bande de Gaza, et y reste donc responsable du bien-être de la population. »

Le député du ministre de la défense israélien, Matan Vilnai, a déclaré à la radio militaire israélienne : « Parce que c’est une entité qui nous est hostile, nous n’avons aucune raison de leur fournir l’électricité plus que le minimum requis pour éviter une crise. » Depuis le mois dernier, la bande de Gaza est officiellement considérée par Israël comme « entité hostile», entraînant la fermeture de nombreux points de passage, empêchant certains types de produits de rejoindre le territoire gazaoui.

Crise humanitaire
Le premier ministre israélien, Ehud Olmert, a promis au président Abbas, lors de leur rencontre vendredi, qu’Israël ne causerait pas de crise humanitaire dans la bande de Gaza. Cependant, la crise est déjà là. « La situation se dégrade et les gens attendent avec impatience de voir ce que va donner la conférence internationale, témoigne Abu Shadi, un habitant de Gaza, affilié Fatah. Dans la vie quotidienne, c’est une catastrophe, on manque de produits de première nécessité. Tout le monde fait des stocks en ce moment. Le prix des viandes, du tabac, de l’essence, des fruits et des légumes ont beaucoup augmenté. On survit grâce à l’aide humanitaire, à la Croix Rouge et à l’UNRWA, mais les ONG ne peuvent pas remplacer une autorité. » s'inquiète-t-il.

La peur est palpable et les habitants restent convaincus que ce blocus israélien a été décidé à leur encontre. « ça n’arrêtera en rien les tirs de roquettes. Insiste Abu Shadi, les dirigeants du Hamas se baladent librement dans les rues. Tout le monde sait que se ne sont pas les brigades du Hamas qui envoient les roquettes sur Israël, au contraire : il y avait plus de roquettes lancées avant la prise du pouvoir du Hamas. » se souvient-il.

Pour le moment, cette sanction n'a pas été utilisée et même si l'angoisse est palpable, les palestiniens n'en sont pas à leur première restriction. La pression sur la population pourrait entraîner une révolte bien plus grande que l'envoi de quelques roquettes.  « On a déjà eu l’électricité coupé, ce ne sera pas la première fois, déclare Jihad, étudiant affilié Hamas, habitant de Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza. Israël veut faire cesser la résistance palestinienne, mais c’est peine perdue.  Ici, chaque jour qui passe est pire que le précédent : ça finira par exploser. »

La bande de Gaza est au bord du gouffre et la pression d’une crise humanitaire majeure plane, à la veille de la conférence internationale pour la paix au Proche-Orient.


Nadia S.

Aucun commentaire: