Nabil, 48 ans, vit dans un camp de réfugiés à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. Ce père de 5 enfants est travailleur illégal : toutes les semaines il passe la frontière israélienne pour aller travailler à Tel-Aviv. Rencontre.
Pourquoi et comment êtes vous devenu travailleur illégal en Israël ?
J’ai commencé à travailler en Israël en 1980. J’étais peintre en bâtiment à Netanya. C’était très difficile et cinq ans après je suis parti à Tel-Aviv. J’ai travaillé six mois dans le tissu, puis 4 ans dans une usine de prêt-à-porter féminin. Durant la première Intifada j’ai fait 6 mois de prison car j’ai été suspecté d’avoir participer à la révolte. A l’époque, je partais de Naplouse jusqu’à Tulkarem, puis Tel-Aviv. La compagnie du bus israélienne Eagle, venait nous chercher à l’entrée du camp de réfugiés car nous n’avions pas besoin de papiers pour aller en Israël. Après les accords d’Oslo, la police palestinienne a commencé à nous demander des papiers. Le bus venait nous chercher après le checkpoint de Betiba (sortie à l’ouest de Naplouse).
Lorsque la seconde Intifada a éclaté, en 2000, je suis resté travailler à Naplouse pendant trois ans, et puis je suis retourné à Tel-Aviv. J’ai réussi à dégoter des papiers pendant un an, en tant que business man. J’ai fictivement travaillé avec le frère de ma femme qui a un magasin ici et qui dois acheter des produits en Israël pour faire marcher son commerce. Tous les trois mois, je devais réactualiser mes papiers. Et puis ça s’est arrêté. Aujourd’hui, je travail illégalement dans un magasin de prêt-à-porter à Tel-Aviv. Je gagne bien mieux ma vie là bas. Pour un travail de 8 heures par jour avec le weekend, en Israël, je gagne 5 000 shekels par mois. Ici, je dois travailler 10 heures par jour, avec un jour de repos par semaine et je ne gagne que 2 000 shekels par mois. Depuis que je travail en Israël, je suis resté 6 années dans l’illégalité. Mais, si je pouvais trouver un travail à Naplouse, payé à 70% de ce que je gagne là bas, je n’irais pas.
Comment passez vous les contrôles de sécurité ?
Je pars tous les dimanches matin à 6 heures et j’arrive à Tel-Aviv vers 11 heures, en fonction de la situation. Ce n’est pas difficile d’aller en Israël. Nous retrouvons un bus israélien à la sortie de la ville, nous sommes une vingtaine de travailleurs illégaux. Nous payons le chauffeur 140 shekels par personne pour aller jusqu’à Jérusalem. Le chauffeur est un israélien, il emprunte les routes des colons. Au passage du check point de sortie des territoires palestiniens, il passe en faisant un signe aux soldats avec un grand sourire. Ils n’y voient que du feu. Dans le bus, on ferme les rideaux consciencieusement pour ne pas être repéré. Si le chauffeur se fait attraper, il doit payer une amende de 10 000 shekels et il écope d’un mois de suspension de licence de travail. Si il récidive, il va en prison. Si nous, en tant que travailleurs illégaux on se fait arrêter, que nous sommes âgés et qu’ils n’ont pas de dossiers ouvert sur nous, ils nous renvoient en Palestine ou en interrogatoire au poste de Police. Si ils attrapent un jeune, ils le mettent directement en prison. Une fois à Jérusalem, on prends les bus réguliers qui nous emmènent à Tel-Aviv. Normalement je reste une semaine sur Tel-Aviv et je rentre le week-end. Mais ça dépend de la situation. Lorsque les soldats font des incursions prolongées dans mon camp ou dans la ville, et que les habitants sont sous couvre feu, je ne peux pas rentrer alors je reste à Tel-Aviv deux semaines voir un mois parfois. Je dors là où je travail.
Comment organisez-vous votre vie à Tel-Aviv ?
Dans Tel-Aviv, je circule en vélo. Dès que j’aperçois une patrouille de police, je change de chemin. Ils m’ont attrapé deux fois : la première ils m’ont laissé partir, la seconde ils m’ont demandé où j’avais volé mon vélo. J’ai du les emmener au magasin pour leur prouver que je l’avais acheté. Dans les rues israéliennes, quand je suis en règle je me permets de parler en arabe mais quand je n’ai pas de papiers, je ne parle que l’hébreu. J’ai la chance de parler cette langue couramment. A mes débuts à Tel-Aviv, je logeais à 10 Km de mon travail. Tous les jours je prenais le bus. Je m’habillais bien, je mettais des lunettes de soleil et je ne parlais pas en arabe. Ils ne pouvaient pas savoir que j‘étais palestinien mais beaucoup me dévisageaient quand même. J’ai peur de prendre le bus à cause de attentats suicides. Quand un jeune se fait sauter, il meurt, sa maison est détruite, les palestiniens perdent tout à faire ça. Au début on pensait qu’avec ces bombes, les israéliens quitteraient nos terres. Mais aujourd’hui, ça ne nous apporte que des problèmes on ne peut plus aller travailler et on se fait arrêter. Je pense qu’il vaut mieux dialoguer et faire la paix.
Pourquoi et comment êtes vous devenu travailleur illégal en Israël ?
J’ai commencé à travailler en Israël en 1980. J’étais peintre en bâtiment à Netanya. C’était très difficile et cinq ans après je suis parti à Tel-Aviv. J’ai travaillé six mois dans le tissu, puis 4 ans dans une usine de prêt-à-porter féminin. Durant la première Intifada j’ai fait 6 mois de prison car j’ai été suspecté d’avoir participer à la révolte. A l’époque, je partais de Naplouse jusqu’à Tulkarem, puis Tel-Aviv. La compagnie du bus israélienne Eagle, venait nous chercher à l’entrée du camp de réfugiés car nous n’avions pas besoin de papiers pour aller en Israël. Après les accords d’Oslo, la police palestinienne a commencé à nous demander des papiers. Le bus venait nous chercher après le checkpoint de Betiba (sortie à l’ouest de Naplouse).
Lorsque la seconde Intifada a éclaté, en 2000, je suis resté travailler à Naplouse pendant trois ans, et puis je suis retourné à Tel-Aviv. J’ai réussi à dégoter des papiers pendant un an, en tant que business man. J’ai fictivement travaillé avec le frère de ma femme qui a un magasin ici et qui dois acheter des produits en Israël pour faire marcher son commerce. Tous les trois mois, je devais réactualiser mes papiers. Et puis ça s’est arrêté. Aujourd’hui, je travail illégalement dans un magasin de prêt-à-porter à Tel-Aviv. Je gagne bien mieux ma vie là bas. Pour un travail de 8 heures par jour avec le weekend, en Israël, je gagne 5 000 shekels par mois. Ici, je dois travailler 10 heures par jour, avec un jour de repos par semaine et je ne gagne que 2 000 shekels par mois. Depuis que je travail en Israël, je suis resté 6 années dans l’illégalité. Mais, si je pouvais trouver un travail à Naplouse, payé à 70% de ce que je gagne là bas, je n’irais pas.
Comment passez vous les contrôles de sécurité ?
Je pars tous les dimanches matin à 6 heures et j’arrive à Tel-Aviv vers 11 heures, en fonction de la situation. Ce n’est pas difficile d’aller en Israël. Nous retrouvons un bus israélien à la sortie de la ville, nous sommes une vingtaine de travailleurs illégaux. Nous payons le chauffeur 140 shekels par personne pour aller jusqu’à Jérusalem. Le chauffeur est un israélien, il emprunte les routes des colons. Au passage du check point de sortie des territoires palestiniens, il passe en faisant un signe aux soldats avec un grand sourire. Ils n’y voient que du feu. Dans le bus, on ferme les rideaux consciencieusement pour ne pas être repéré. Si le chauffeur se fait attraper, il doit payer une amende de 10 000 shekels et il écope d’un mois de suspension de licence de travail. Si il récidive, il va en prison. Si nous, en tant que travailleurs illégaux on se fait arrêter, que nous sommes âgés et qu’ils n’ont pas de dossiers ouvert sur nous, ils nous renvoient en Palestine ou en interrogatoire au poste de Police. Si ils attrapent un jeune, ils le mettent directement en prison. Une fois à Jérusalem, on prends les bus réguliers qui nous emmènent à Tel-Aviv. Normalement je reste une semaine sur Tel-Aviv et je rentre le week-end. Mais ça dépend de la situation. Lorsque les soldats font des incursions prolongées dans mon camp ou dans la ville, et que les habitants sont sous couvre feu, je ne peux pas rentrer alors je reste à Tel-Aviv deux semaines voir un mois parfois. Je dors là où je travail.
Comment organisez-vous votre vie à Tel-Aviv ?
Dans Tel-Aviv, je circule en vélo. Dès que j’aperçois une patrouille de police, je change de chemin. Ils m’ont attrapé deux fois : la première ils m’ont laissé partir, la seconde ils m’ont demandé où j’avais volé mon vélo. J’ai du les emmener au magasin pour leur prouver que je l’avais acheté. Dans les rues israéliennes, quand je suis en règle je me permets de parler en arabe mais quand je n’ai pas de papiers, je ne parle que l’hébreu. J’ai la chance de parler cette langue couramment. A mes débuts à Tel-Aviv, je logeais à 10 Km de mon travail. Tous les jours je prenais le bus. Je m’habillais bien, je mettais des lunettes de soleil et je ne parlais pas en arabe. Ils ne pouvaient pas savoir que j‘étais palestinien mais beaucoup me dévisageaient quand même. J’ai peur de prendre le bus à cause de attentats suicides. Quand un jeune se fait sauter, il meurt, sa maison est détruite, les palestiniens perdent tout à faire ça. Au début on pensait qu’avec ces bombes, les israéliens quitteraient nos terres. Mais aujourd’hui, ça ne nous apporte que des problèmes on ne peut plus aller travailler et on se fait arrêter. Je pense qu’il vaut mieux dialoguer et faire la paix.
Quelle est votre relation avec les israéliens ?
Dans mon travail, ils me respectent et moi aussi. Ils ont besoin de moi. Ils disent souvent que les israéliens travaillent moins bien que les palestiniens. Ils aiment bien embaucher des arabes, ils semblent nous faire plus confiance et puis ils nous payent moins. A Tel-Aviv, les gens commencent à me connaître, ils me disent bonjour et je leur réponds poliment. Ils sont gentils et moi aussi. J’ai des amis là bas, notamment un conducteur juif iraquien que j’aime beaucoup et avec qui je vais à la mer le week-end quand je ne peux pas rentrer chez moi. Tous les juifs ne sont pas pareils, mais il y a beaucoup de racisme anti-arabe en Israël. Tous les jours dans les rues de Tel-Aviv, je vois une femme policier en civile qui, dès qu’elle entends parler l’arabe, elle appelle son central et emmène le fautif au commissariat. Souvent, quand je discute avec les israéliens dans la rue, ils me disent que personne ne veut d’eux alors que nous, les arabes, nous avons beaucoup de terres et qu’on peut aller ailleurs. Je leur réponds que moi, je suis palestinien, je ne suis ni jordanien, ni saoudien, mon pays c’est la Palestine.
Nadia S.
Le 22 octobre 2007, Naplouse
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