28 janvier 2008

La Palestine en deuil, Abbas en danger

DR Nadia Sweeny
L'Autorité Palestinienne a décrété un deuil de trois jours suite à la mort, samedi soir à Amman, de George Habache, le fondateur du Front Populaire de Libération de la Palestine, parti gauchiste encore inscrit sur la liste internationale des organisations terroristes. Mais même dans le deuil, les dissensions demeurent.

Dimanche soir, le rituel traditionnel des condoléances s'est déroulé à la Moqataa de Ramallah, où chacun pouvait entrer et serrer la main des leaders des partis membres de l'OLP. Cette sélection exclue évidemment, le Hamas et le Djihad Islamique. Pourtant, ce dernier, depuis Gaza, a exprimé sa tristesse devant la mort d'un leader incontesté et emblématique de la cause palestinienne.

Les palestiniens, venus nombreux, ont donc eu l'occasion de rencontrer pour quelques secondes et sous surveillance rapprochée, leur président et son équipe. L'ambiance était au recueillement devant la mort de Habache, né dans la Palestine sous mandat britannique, et devenu réfugié après la création, en 48, de l'état d'Israël. Cependant, chacun sait ici, que le FPLP et le Fatah sont en désaccord sur beaucoup de points et notamment sur la poursuite de la lutte armée contre Israël. Mahmoud Abbas a été vivement critiqué par le comité central du FPLP pour ses déclarations sur les "roquettes futiles" envoyées de Gaza sur le territoire israélien. Le dernier communiqué du parti populaire parle même de continuer activement la résistance, notamment par le biais de leur milice armée : les brigades Abu Ali Mustafa, du nom du prédécesseur de Habache à la tête du FPLP, assassiné en 2001 par l'armée israélienne.

Mouvement terroriste
Pour l'occasion, Abderahim Malouh, actuel leader du parti populaire, se retrouve aux côtés du président Abbas sous la photo du défunt, à la Moqataa. Le FPLP à tendance marxiste-léniniste, est considéré par la communauté internationale comme un mouvement terroriste depuis le détournement d'un avion de la compagne El Al, le 23 juillet 68. Il est détesté par nombre de pays arabes, dont en première ligne la Jordanie. En effet, Habache a été obligé de fuir la Jordanie pour la Syrie en 1957, étant vivement recherché pour son activisme politique et son opposition au système monarchique jordanien. Le FPLP a de plus, grandement payé le prix de son activisme, notamment lors du "septembre noir", en 1970, où la répression jordanienne sur les palestiniens a atteins son paroxysme. Or, coup du sort, c'est précisément dans ce pays que le leader incontesté de la révolte palestinienne a rendue l'âme.

Le président Abbas doit, ce lundi, participer aux funérailles à Amman avant de se rentre en Egypte pour tenter de régler le casse tête de Rafah, que le Hamas a judicieusement ouvert au moment opportun, tirant largement la couverture de sympathie populaire à son avantage, faisant ainsi un pied de nez remarquable au gouvernement israélien et à l'Autorité Palestinienne. Abbas demandait depuis un bon moment l'obtention du contrôle de Rafah... mais Israël refusait et imposait une pression constante. Hamas a réglé momentanément le problème. 

Les palestiniens en rêvaient, le Hamas l'a fait
Le Hamas répond précisément et de manière judicieuse aux exigences d'une population affamée par un blocus stricte.Il se rachète une conduite depuis la prise de pouvoir violente de la bande de Gaza en juin 2007 et propose à Abbas de négocier la gestion de Rafah. Main tendue vers le Fatah, sur laquelle ce dernier crache officiellement. Cependant, selon le bureau du président, Mahmoud Abbas doit se rendre en Syrie après son passage au Caire.

Va-t-il rencontrer le chef du Hamas, Khaled Meshaal pour ouvrir un dialogue officieux ? Abbas est en danger politiquement : sa côte de popularité est en baisse constante. Il a perdu Gaza, se rapproche dangereusement d'Israël et des US, en dénigrant le combat armé contre l'occupant et refuse, en accord avec Israël, tout dialogue pour régler les scissions inter-palestiniennes. Un ensemble de qualificatifs qui n'inspire pas confiance à la rue palestinienne.


Nadia S.

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