11 janvier 2008

La paix ? Un rêve...

Bethléem, pour la commémoration des fêtes de Noël.
DR Nadia Sweeny
La paix est un rêve auquel les palestiniens ne semblent plus croire aujourd’hui et la visite du président américain ne change en rien cet état de fait. Le pessimisme est au rendez vous et, à Ramallah, chacun continu sa petite vie sans s’investir plus que d’habitude dans le débat politique engagé.


« La visite de Bush ne changera rien dans ma vie, déclare Ahmad, manutentionnaire de 27 ans, vivant à Ramallah. Tous les présidents américains, à la fin de leur mandat, veulent la paix et à chaque fois on n’obtient rien. La politique américaine a toujours soutenu les israéliens, jamais les arabes, et il n’y a pas de raisons que ça change. » Insiste le jeune homme, portant ses cartons. « Aujourd’hui, nous avons juste deux choix : la politique américaine ou iranienne. Moi, je ne veux ni l’un ni l’autre. La politique est sale et pour moi, la paix est un rêve inaccessible. La solution viendra du ciel. » Conclu-t-il. Ashraf, son collègue du même âge, n’attends pas plus de la démarche du président des Etats-Unis : « Il n’y aura pas de paix si les israéliens restent dans les terres de 67 car nous n’aurons pas de possibilités d’établir notre état. explique-t-il. Dans un premier temps, les américains et les israéliens devraient s’accorder pour stopper les attaques contre les palestiniens. Depuis Oslo en 1993 la situation est la même, rien n’a changé. » Se désole-t-il.

Le président Bush est dans la ligne de mire de l’opinion publique palestinienne et chacun se demande pourquoi, en fin de mandat, il s’investit dans un processus de paix. « Cela fait 7 ans qu’il est président des Etats-Unis et il se réveil que maintenant ? » se demande Nesreen 25 ans, pharmacienne. « Il ne fera rien. Nous vivons dans la misère depuis plusieurs années et nous continuerons à vivre dans la misère. Ils n’ont jamais rien fait pour nous, ni les israéliens, ni les américains, ni même Mahmoud Abbas. Je ne leur fais pas confiance. » Conclut-elle. Reem, 32 ans, est d’un avis plus drastique. « Même dans la bible il est écrit « la terre sainte est une terre de paix qui ne verra jamais la paix. » et c’est vrai. S’exclame-t-elle. Nous sommes nés dans cette saleté et nous n’en sortirons pas. Nous étions mieux lorsque nous étions à 100% sous occupation israélienne, car nous avions certes les mauvais cotés de l’occupation, mais nous bénéficions aussi des bons comme le droit de se déplacer librement, la haute technologie, l’éducation etc. Aujourd’hui, nous n’avons que la violence et l’oppression. » Explique Reem. « Je me sens désolée pour Mahmoud Abbas, car il doit gérer Israël d’un côté, le monde de l’autre, les palestiniens avec le Hamas etc., mais nous ne savons pas diriger un état, nous sommes des gens négatifs car nous avons appris à être négatifs. Il n’y a pas de solutions. » Conclu-t-elle.

Les efforts américains ne trompent pas les palestiniens : « Je n’attends pas grand-chose de la visite de Bush car je pense que c’est une campagne de relation publique. » Déclare Tayseer, 47 ans, artiste peintre originaire du camp de réfugiés de Jabaliya, dans la bande de Gaza. « J’espère, mais je ne pense pas que nous obtiendrons quelque chose de sérieux de cette visite. J’apprécie qu’ils commencent à parler du cas israélo-palestinien et qu’ils prennent du temps et des efforts pour essayer de le résoudre. » Admet-il. « Je pense que nous devons négocier. C’est le seul moyen, car la violence ne donne rien, ni à l’un ni à l’autre. Nous devons vivre sur la même terre et être ami. Ce n’est pas facile pour nous, palestiniens, d’oublier 78% de la Palestine, mais c’est la vie. » Explique calmement Tayseer. Sa vision de la politique américaine a quelque chose de désuet : « Parfois, je trouve la politique américaine stupide : ils gèrent l’Irak et le conflit israélo-palestinien, comme un jeu. Ce n’est pas solide. » Convaincu que le président Abbas tente du mieux qu’il peut d’établir la paix, Tayseer révèle son angoisse : « Ils disent toujours que les palestiniens refusent tout. Abbas dit non, je ne refuse rien, discutons. Donc, il aide. Mais si il n’y a pas de résultats, si après les négociations, rien ne se passe, la violence deviendra la seule solution. » S’inquiète-t-il. « Si Abbas échoue, se sera un message claire pour les gens ici et la violence sera la seule voie. J’espère que les américains et les israéliens comprennent ça. » Conclu l’artiste. Georges W. Bush n’a donc pour le moment, pas convaincu la rue palestinienne qui reste persuadée que la paix est un lointain mirage.


Nadia S.

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