14 août 2007

Vide médiatique

Se sont ces types de pèriodes, vides médiatiquement, qui refont plonger le problème palestinien dans l'ignorance et l'indifférence. Pourtant, c'est précisément lors de ces périodes de "creux" médiatique que tout se joue.

Diverses propositions fusent de part et d'autres : Israël propose de démanteler les checks points, en échange de l'arrêt de la résistance. Pendant que les négociations ont lieu, tous les palestiniens hurlent en cœur leur rage de voir, en bas de chez eux, de nouveaux soldats barrant la route aux habitants du bourg, du village ou de la ville. De Bethléem à Salfit, les petites gens, soutenus par les gouverneurs, dénoncent l'augmentation des barrages, faisant opposition à la proposition officielle israélienne d'en faire disparaître un certain nombre. Les checks point "moyens" deviennent "grands et permanents", comme celui de Huwwara, ou de nouvelles grilles viennent entourées les rues, un nouveau parking tout neuf et encerclé de grillages pour les bus palestiniens, car ils ne faut pas mélanger les trois colons qui viennent faire du stop de l'autre coté du ronds points et les milliers de palestiniens qui sortent de la région du nord pour aller travailler, étudier ou visiter leur famille plus au sud. Les grands barrages sont déjà "définitifs" comme le check point de Za'atara, ou un énorme chandelier juif orne le rond points séparant les routes des colonies, des routes des palestiniens... quelques règles viennent parfois pimenter le passage : "Aujourd'hui pas d'homme de moins de 35 ans! ", "demain se sera tous ceux qui viennent de Jénine"...

En dehors des aléas politiques qui ne sont jamais les mêmes d'une semaine à l'autre, la vie quotidienne palestinienne a quelque chose de "répétitif". Les médias du monde ne s'attardent pas à répéter sans cesse les mêmes histoires, des mêmes gens, qui subissent les mêmes oppressions... Pas plus d'une vingtaine de palestiniens tués dans la semaine et surtout à des endroits différents rendent la couverture médiatique nulle. Dispersez les événements : 4 à Naplouse, 3 à Jénin, 9 à Gaza, 2 à Hébron etc. personne n'en parlera. En revanche, si vous balancez un missile et que vous les tuez tous d'un coup au même endroit, là ça fait du bruit... Pourtant le nombre de morts est le même, mais la perception de l'événement ne l'est pas.

Ce matin, je me suis réveillée dans le camps d'Al'Ein sous les bombes israéliennes. Des tirs ont retentis toutes la fin de la nuit. ça fait trois jours de suite et on ne peut rien y faire. On entendait le cri des enfants terrorisés chez les voisins... mais qui s'en inquiète ?

L'autre jour, au check-point, une petite fille terrorisée devant le soldat qui checkait les papiers d'identité de ses parents, s'est mise à trembler comme une feuille et à hurler devant l'imposant M16 du soldat, qui était lui aussi plutôt mal à l'aise... qui en parle ?

En rentrant de Jénine vers Naplouse, dimanche, nous avons subi plus de 5 check-points "volants". Au lieu de mettre une demi heure pour rentrer nous avons mis plus de quatre heures. Tout le monde s'en fout !

A Bethléem, il y a de ça quelques jours, une groupe de colons a fait un descente non loin du centre ville pour manifester pour la construction d'une nouvelle colonie, du côté palestinien du mur... qui s'en souci ?

A Hébron, les colons israéliens ont affronté les palestiniens dans les rues de la vieille ville, en dehors de la colonie, à coup d'armes lourdes... Qui en a entendu parler ?

Dans la bande de Gaza, les incursions israéliennes, suivis des tirs des avions F 16 ne cessent, chaque semaine, de faire plus de victimes parmi les habitants, de plus en plus d'enfants sont touchés. Non mais attend, me dit on, c'est quand même le QG du Hamas...

Par contre, lorsque M Blair ou Mme Rice font des voyages de bienséances, tous les médias se précipitent sur eux reprenant déclarations et propositions, qui sur le terrain ne changent strictement rien !

Alors on se demande dans le coin si toutes ses courbettes politiques ne servent finalement pas qu'à occuper les médias internationaux, histoire de ne surtout pas les intéresser aux problèmes du terrain, à la vie quotidienne, qui effectivement n'ont rien de très "palpitant" médiatiquement parlant, mais qui constituent, ne l'oublions pas, la base du problème !

Si la vie quotidienne ne s'améliore pas, Intifadas il y aura...

Nadia S.

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