J'arrive ce vendredi dans les environs de Jénine. Je passe brièvement dans la ville, puis je me dirige vers le camp de réfugiés. Le camp de Jénine compte de 9 à 10 000 habitants. Ce camp est souvent la proie d’incursions particulièrement violentes.
Dans la rue, j'aperçois de nombreuses maisons neuves (photo à gauche), ce qui est peu commun dans un camps de réfugiés. Les habitants m'expliquent que se sont les maisons reconstruites suite à l'incursion particulièrement meurtrière qui a eu lieue il y a cinq ans. La moitié du camp de Jénine avait été rasé. En levant les yeux, je suis étonnée de voir un panneau en l'honneur de Saddam Hussein. On voit l'ancien dictateur tendre la main vers le Dôme du Rocher de Jérusalem, symbole de la liberté perdue des palestiniens.
Je continue ma visite. Une famille sympathique m'accueille chez elle et m'offre le café. Le père m’explique que cette nuit de jeudi à vendredi, plusieurs jeeps de soldats ont débarqué dans le camp en hurlant dans leur haut parleur : « Tout le monde sort de sa maison ! ». Personne n’a répondu. « Nous savons tous que si tu sors la nuit à la demande des soldats, tu finis mal. » Il y a tout de même une famille, habitant en face de là où nous nous trouvons (photo à droite), qui a répondu à l’appel. De peur de désobéir à la force armée occupante, ils sont sortis dans la rue et l’ont regretté. Les soldats sont entrés dans la maison et ont absolument tout saccagé. Ils ont détruit la cuisine et ont renversé tous les ingrédients sur le sol. Les habitants de Jénine sont particulièrement pauvres et ces rentes de nourritures sont pour eux très précieuses.
Naturellement, je demande si ils ont emmené quelqu’un, si ils avaient une raison quelconque de faire ceci, cherchaient-ils un combattant ? « Non, me réponds le père. C’est un jeu pour eux. Ils se distraient ainsi. »
En face de la maison en question, gît une sorte de ruine de ce qui était une habitation (photo à gauche). Il y a de ça quatre mois environ, les soldats ont envoyé des roquettes sur cette immeuble, tuant trois de ces habitants. Je pénètre dans ce qui reste de la maison afin de prendre quelques photos, ci-contre et ci dessous.
En face de la maison en question, gît une sorte de ruine de ce qui était une habitation (photo à gauche). Il y a de ça quatre mois environ, les soldats ont envoyé des roquettes sur cette immeuble, tuant trois de ces habitants. Je pénètre dans ce qui reste de la maison afin de prendre quelques photos, ci-contre et ci dessous.
Zakaria Zubeidi et la resistance
Est présent à ce petit encas familial, un oncle, homme important en Cisjordanie et d’une gentillesse sans commune mesure. Il connaît bien la situation et les rouages du conflit, travail pour son gouvernement, et a passé plus de huit ans dans les geôles israéliennes.
Je le questionne à propos de la nouvelle coqueluche de la résistance : Zakaria Zubeidi, leader des Martyrs d’Al Aqsa dans le camp de Jénine. Il sourit à ma question. « Zakaria est un homme qui suscite plusieurs types de réactions à Jénine » m’explique t il. « Beaucoup, le considère comme un véritable héro, comme la plupart des combattants de la résistance palestinienne. C’est un leader, et en tant que tel, il est particulièrement respecté. Cependant, il y a beaucoup d’habitants qui pensent qu’il n’est pas très efficace dans son action et que c’est une des raisons pour laquelle il est encore vivant aujourd’hui. Me dit il. Tu sais, si Israël pensait que Zakaria était une menace pour elle, elle l’aurait tué depuis déjà longtemps. La balle qu’il a prise dans l’épaule, c’est un accident. Ça fait partie de la tactique israélienne : elle aime garder des éléments résistants qu’elle peut plus ou moins contrôler. Elle ne veut pas les tuer car ils ne sont pas très efficaces et participent à la stagnation de la situation. Si elle les tue, elle prend le risque de voir arriver un nouveau leader beaucoup plus coriace. Eux, les resistants sur le terrain, ne s’imaginent pas toujours qu’ils participent à la tactique israélienne, ils ont parfois un bon fond, mais leurs chefs, peu importe la faction à laquelle ils appartiennent, sont pour la plupart corrompus. Quand les combattants obéissent aux ordres qui viennent d’en haut, ils ne font que répondre à un plan organisé. Me confit-il. En trois jours, Israël pourrait, si elle le voulait, débarrasser la Palestine de toute forme de résistance armée. Elle a la technologie militaire, les armes et l’argent pour le faire. Elle a aussi absolument toutes les informations dont elle a besoin. » ajoute t il. Je lui parle de l’article dans le journal français Le Monde. « Tu sais, les journalistes ne voient que la partie émergée de l’iceberg » m’assure-t-il, les choses ne sont pas aussi simples.
Il y a beaucoup de corruption au sein de la résistance armée palestinienne et beaucoup des habitants que j’ai rencontrés regrettent la première Intifada durant laquelle il n’y avait pas ou peu de militarisation des groupes. Maintenant, c’est tout autre chose. Souvent, les profits personnels prennent le pas sur l’idéologie de résistance à l'oppression, malgré la bonne volonté de certain. Les habitants respectent mais n'approuvent pas toujours.
Nadia S.
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