24 mars 2007

Retour sur Paris

Trois jours après la mort de Mountacer, j ai repris mes valises en direction de Ramallah puis de Jerusalem. En passant le check point de sortie de Naplouse, l'un des soldats qui contrôlait les identités a voulu plaisanter avec moi. Voyant que je suis française, il s est essaye a parler avec moi "comment ça va" m a-t-il demandé. Je n ai pas répondu. Je dois avouer qu'à ce moment là j'imaginais encore que ça pouvait être lui le tueur du jeune palestinien trois jours plus tôt. Avec un total dédain, je l'ai ignoré et continué ma route. J'ai ressenti un fort sentiment de mépris envers ces jeunes israéliens en uniforme. Elle a duré quelques minutes, mais elle était bien la, en moi : la haine. J ai fini par la chasser de mon esprit, non sans mal. Je n'aime pas ce sentiment, il n'est porteur de rien de bon.


J'ai finalement pris mon avion de retour sur Paris. En passant à l'aéroport de Tel Aviv, une chose m'a particulièrement choquée. Une jeune femme s'est approchée de moi alors que je faisait la queue pour faire contrôler mes bagages par la sécurité. Elle m'a posée tout un tas de questions sur mes origines, le nom de famille de mon père etc. Elle m'a alors affublé de plusieurs étiquettes portant la couleur violette. En regardant attentivement autour de moi, je me suis aperçue que tout le monde ne portait pas la même couleur. En arrivant au poste de sécurité, il y avait plusieurs files, en fonction de la couleur que portait nos bagages et billet d'avion. Une file rassemblait  les musulmans : toutes les femmes qui portaient le voile se dirigeait vers cette file. J'ai été horrifiée de constater que nous étions trié en fonction de nos origines et de notre religion. Portant un nom a consonance juive, ainsi que mon père, j'ai été envoyé dans la file des juifs étrangers. En me renseignant auprès d'autres amis qui ont voyage en Israël, les chrétiens portaient une couleur différente. Mon contrôle de sécurité a duré dix minutes, alors qu'une des jeunes musulmanes qui est arrivée en même temps que moi y a passé plusieurs heures. D'autres français, ni juifs ni musulmans, ont aussi témoigné d'un long interrogatoire sur leur voyage dans le pays.


Je n'ai pas tout de suite réalisé la définition exacte de ce type de trie. Je n'ai pas eu le réflexe de demander à la jeune fille qui m'a questionnée, a quoi correspondaient les différentes couleurs des étiquettes qu'elle collait sur les passagers. Je suis arrivée a Paris dans la journée, déboussolée par tout ce qui s est passé durant ce mois d'août 2006. J'ai quitté Israël et la Palestine en ne rêvant que d'une chose : revenir.

Nadia S.

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