27 mars 2007

Carnet de bord, arrivée à tel aviv, mars 2007

Me voici donc une nouvelle fois au Proche Orient. J'ai atterri à Tel Aviv dimanche 18 mars, vers 5h du matin. , 

David, un ami, est venu me chercher à l'aéroport de Ben Gourion. Il m'a installée dans un hôtel sympathique,
à Tel Aviv, non loin de chez lui, en face de la mer. L’après midi, nous avons visité les rues alentours. David m’a montré deux endroits où des attentats suicides ont été perpétrés, faisant plusieurs victimes israéliennes. Le premier a eu lieux il y deux ans et deux moi, à l’entrée d’une discothèque. Les responsables de la boutique à coté se souviennent parfaitement de la date. « Il y avait des corps partout » m’explique David. Le lieu est encore fermé, presque abandonné. Nous continuons notre chemin et nous passons devant la mosquée dite « officielle » de Tel Aviv. Non loin de là, un autre attentat suicide a été perpétré devant une discothèque (photo ci dessous). Cet attentat date de juin 2001, mais David s’en souvient. Il y a d’ailleurs une plaque avec les noms des victimes inscrites dessus, en hébreux, en anglais et en russe, car la majorité des morts étaient d’origine de Russie.


« C’était la première fois que j’ai ressenti la haine envers les arabes » m’explique David. Pourtant, cet homme d’une trentaine d’années s’intéresse beaucoup au conflit et notamment à la situation des palestiniens. Mais ce jour là, m’explique t il, il a perdu tout contrôle. « J’ai été témoin du mouvement de foule qui s’est dirigé vers la mosquée Hassan Bek. Les gens tentaient de grimper le long du muret pour la détruire. J’ai été témoin de la haine que les israéliens peuvent avoir contre les musulmans. Cet attentat a changé la face du conflit. » Insiste David. Les gens ont en effet lancé des pierres en criant « morts aux Arabes » suite l’attentat suicide. Il m’explique qu’a partir de ce jour là, les israéliens n’ont plus vue les palestiniens de la même manière et que pour eux, c’était une question de vie ou de mort de se protéger.

D’autre part, le père du jeune suicidaire s’est félicité à la télévision de l’action de son fils. David me dit qu’il n’a vraiment pas apprécié et que d’ailleurs les familles des victimes non plus. Selon lui, la famille du suicidaire est sous haute protection dans les territoires palestiniens car les familles d’origines russes ont fait appel à la mafia et ont lancé un contrat sur toute la famille du suicidaire.


Nous avons continué notre promenade et le long de la plage, nous sommes tombés sur une plaque en l'honneur de la « libération de Jaffa ». Autrement dit, en l'honneur de ceux qui ont chassé la majorité des Arabes de Jaffa. David me témoigne son désaccord avec cette plaque et notamment avec son sigle. En effet, lorsque l’on s’approche de la plaque en question, on peut apercevoir un sigle où figure la carte de la « grande Israël », englobant une partie de l’Égypte et de la Syrie, ainsi que le sud Liban et la Jordanie.

Nous arrivons au fil de notre marche à l’entrée du quartier arabe de Jaffa. Je prends un peu de terre dans une bouteille pour une vieille dame de 90 ans, réfugiée à Naplouse. Cette vieille femme est née à Jaffa et s’est faite chassée de son village. David me suggère d’y mettre un brin d’olivier, je m’exécute, agréablement surprise par l’attention qu’il porte à ce geste et à sa symbolique.

Pour rentrer dans le centre de Tel Aviv, nous avons pris le bus. Ce même bus qui peut sauter d’une minute à l’autre. En entrant tout le monde se scrute, une petite boule se forme dans l’estomac : la peur. Je ne sais pas si je pourrais faire ce type de trajet tous les jours pour aller au travail. Je comprends quelque peut le sentiment des citoyens israéliens, tout en regrettant amèrement la situation dans les territoires occupés. D’ailleurs, David me raconte qu’à son travail il côtoie un colon. Ces israéliens qui habitent dans les territoires palestiniens. Il me dit : « je lui ai demandé comment imagine-t-il l’avenir, puisqu’un jour il devra partir, alors pourquoi va-t-il s’installer là bas, pourquoi veut-il infliger ça à ses enfants !? s’exclame t il. Le colon me répond qu’il s’en fout et que la vie est moins cher, qu’il a des avantages à vivre là et que s’il doit partir, il partira. » J'étais estomaquée par le manque de considération qu'a cet individu pour les conséquences de son acte. David, en me racontant cette histoire, avait l'air désolé.

Je rentre à mon hôtel en cette fin de journée, exténuée. Demain, je suis de retour dans les territoires palestiniens. Direction Jérusalem, Ramallah, puis Naplouse.

Nadia S.

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