5 juillet 2007

La course à la légitimité

L’aide internationale est de retour, une partie des taxes confisquées par Israël depuis l’élection du Hamas, ont été versées, mais la complaisance assumée du président et de son nouveau gouvernement envers la communauté internationale et ses exigences, risque de coûter chers à sa légitimé interne. De son côté, le Hamas négocie a coup de libération d’otages, une légitimité internationale quasi-inexistante.

Ce lundi, Israël a transféré au gouvernement palestinien, 118 millions de dollars, représentant environ 20% des taxes récoltées au nom de l’Autorité Palestinienne durant l’année 2006. L’état hébreu les avait gelés suite à l’élection du Hamas en janvier 2006. Outre les taxes, Israël propose le démantèlement de certains des 560 check point de Cisjordanie, sans donner de nombres exacts, et la libération de 250 prisonniers Fatah si ces derniers renoncent, par écrit, « à toute implication dans le terrorisme », c'est-à-dire, dans la résistance armée contre Israël. Ehud Olmert déclare vouloir faire comprendre aux palestiniens que « lorsqu’ils se battent contre le Hamas et acceptent les conditions du Quartet, ils reçoivent quelque chose en échange. » Cependant, les palestiniens ne sont pas dupes, et tant de promesses ont été faites et jamais tenues, qu’ils n’attendent pas grand-chose de la part de l’état Hébreu. C’est pourquoi, ils voient parfois d’un mauvais oeil les relations ambiguës qu’entretien Abbas avec Israël et le Quartet.

Cette proposition israélienne accompagne plusieurs décisions de Mahmoud Abbas. D’une part, il souhaite désarmer les milices palestiniennes qui ont gagné en légitimité auprès de la population pour leurs actions contres les invasions israéliennes quasi-quotidiennes. La question du sort des Brigades des Martyrs d’Al Aqsa, affiliées Fatah, qui assurent un soutient précieux au président pour garder la situation sécuritaire en Cisjordanie, est posée.

D’autre part, l’ombre de nouvelles élections législatives plane. Selon la constitution, le gouvernement d’urgence atteint sa date de péremption dans deux semaines. Nabil Amr, le conseiller en communication du président Abbas, espère un renouvellement de l’état d’urgence déclarant que de nouvelles élections sont « probables ». Il ajoute que l’avenir du gouvernement d’urgence sera décidé le 29ème jour de sa formation. Selon lui, il serait possible que le Conseil Législatif Palestinien (PLC) soit réuni afin de discuter de cette question. Cependant, Hassan Kresha, vice-président du PLC, joint par téléphone, pense qu’il « est trop tôt pour parler de nouvelles élections ». Il assure que « de telles élections doivent être décidées en accord avec le Hamas, le Fatah et tous les partis politique. Dans deux semaines, l’état d’urgence devrait être amené devant le conseil qui doit décider ou non de l’élargissement de cette période. Mais M. Abbas a besoin des deux tiers du parlement et ils ne sont pas présents car 45 membres ont été kidnappés par Israël et qu’il y a des divisions entre le Hamas et le Fatah. » Explique t il. « Le président n’a aucun droit de dissoudre le PLC, il doit se dissoudre par lui-même et de toute façon, je pense que de nouvelles élections seraient particulièrement dangereuses dans le contexte d’aujourd’hui. » Conclu-t-il.

De son côté, le Hamas, qui a fait un coup d’éclat médiatique en permettant de relâcher le journaliste de la BBC, Alan Johnston, se débat pour obtenir un minimum de respect de la part de la communauté internationale. A un point qu’il est même près à discuter la liberté du soldat israélien Guilat Shalit, qui selon l’Armée de l’Islam a été transféré sous le pouvoir du Hamas.

Pour chacun le grand écart est douloureux entre d’une part les exigences de la communauté internationale et d’Israël, et d’autre part la réalité de la société palestinienne et ses attentes. Selon un enquête publiée par le centre le Centre de Sondages d'Opinion de l’Université An-Najah de Naplouse et concernant un millier d’habitant de Cisjordanie, 67% pensent que les évènements de Gaza sont dues à des interventions externes. 30% d’entre eux ne se reconnaissent ni dans le gouvernement d’urgence, ni dans celui d’Ismaël Hanyeh et 30,5 % déclarent ne pas vouloir participer à de nouvelles élections législatives, si celles-ci ont lieues.
Nadia S.

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