10 juin 2007

Apartheid

Chaque fois que je passe un check point militaire, j'aperçois de l'autre côté de la route des groupes de colons qui attendent leur bus ou font du stop. Certains peuvent attendre des heures, alors qu'en face, les bus palestiniens relient ces différents points aux villes principales de Cisjordanie. Outre les routes réservés aux israéliens, les stations essences et restaurants réservés aux israéliens, le mur qui sépare les deux populations, l'apartheid semble avoir conquis les esprits au plus profond.

Une personne me disait naturellement "ils peuvent attendre des heures mais ça ne leur viendrait pas à l'esprit de traverser la rue et de pendre un bus arabe." Je serais curieuse de voir quelle serait la réaction des palestiniens. Quoiqu'il en soit, il semble inimaginable de les voir traverser la route, sans bonne garde militaire. Chacun vit donc dans son monde. Les colons avec les colons et les palestiniens entre eux. En général, les rencontres malheureuses se terminent mal. C'est d'ailleurs souvent le cas à Hébron, où les palestiniens ont régulièrement le malheur de tomber sur un groupe de colons; ils finissent a l'hôpital, si ce n'est pas dans la tombe.

Je suis retournée visiter Hébron cette semaine, et notamment la mosquée d’Ibrahim, le Patriarche. Dans la ville, je suis très étonnée de voir les trottoirs refaits à neuf ainsi qu’une fontaine somptueuse non loin de l’entrée de la vieille ville. Les Palestiniens ne se laissent pas allés et ils reconstruisent sans cessent ce qui a été détruit ou détérioré. La colonie est toujours bien là (photo). Je m’enfonce dans les ruelles de la vieille ville afin d’atteindre la mosquée. L’ambiance est absolument intenable. Un bâtiment palestinien a été colonisé il y a plus de deux mois maintenant et personne ne semble dire mot, sauf les associations de défense des droits de l’homme. Il ne vaut mieux pas s’approcher de trop près du bâtiment, les habitants sont armés. « Même les gamins des colons portent des M16, si tu as le malheur d’en croiser et que tu t’embrouille avec eux, ils te tirent dessus. C’est normal pour eux » Témoigne un habitant de la ville. D'ailleurs à ce propos, le ministre de l'intèrieur israélien avait fait une intervention médiatique tonitruante concernant la prise de ce bâtiment, il avait même assuré qu'il le ferait évacuer au plus vite... les palestiniens attendent toujours.






Je finis par arriver à l’entrée de la mosquée. Les trois check point militaires sont toujours gardés par les soldats : fouilles, questions… la routine.























J’entre dans la mosquée et, où siège le tombeau du Patriarche, j’entrevois une femme de l’autre coté, du coté juif. Elle ne me remarque pas, elle semble lire un livre. Entre elle et moi, deux grilles et un muret blindé, qui a été installé récemment.

Israéliens et palestiniens se réunissent ici autour du même lieu saint, et pourtant ils vivent dans deux mondes qui semblent totalement hermétiques. La seule différence, c'est que ces colons ont choisi de vivre dans leur "ghetto", les palestiniens non.



Je fini par quitter les lieux. Je passe un tourniquet (photo) : je suis du mauvais coté de l'apartheid, le côté qui subit.








Nadia S.



1 commentaire:

Unknown a dit…

Nadia,
Bonjour !

Aucune différence en effet avec ce qui se passait en Afrique du Sud.

A bientôt !