Ce mardi 15 mai, les palestiniens célébraient le 59eme anniversaire de la Nakba. Cette journée commémore l'expulsion, en 1948, de la majorité des palestiniens des terres formant aujourd'hui l'état d'Israël. Le Centre de Ressources pour les Droits des Refugiés Palestiniens dénombre actuellement 6 millions de refugiés de 1948, comptabilisant les descendants. La Nakba est à la base de l'épineuse question des refugiés palestiniens et notamment de leur droit au retour, assuré par le droit international, mais refusé par l'état d'Israël. Sadiqa Aïssa Abu Syryeh est une survivante de la Nakba palestinienne. Agée de 91 ans, elle a fuit Jaffa (ndlr: ville située dans la banlieue de Tel Aviv) au printemps 1948. Aujourd'hui, elle vit dans le camp de réfugiés de New Askar, non loin de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie.
Pourquoi êtes-vous partie de Jaffa ?
A cette époque à Jaffa, un groupe de palestiniens commençait à s'organiser pour résister à l'occupation britannique. L'armée anglaise faisait des descentes régulières dans notre ville. Aidés par des collaborateurs palestiniens, ils arrêtaient ou exécutaient tous ceux qu'ils soupçonnaient d'être des activistes. La résistance s'est intensifiée et chacun participait d'une manière ou d'une autre : nous devions nous défendre. Mon mari s'occupait d'acheter les armes et ils se relayaient pour monter la garde. Les anglais ont commence a mettre le feu entre les juifs et le reste des palestiniens. Ils commettaient des kidnapings ou des assassinats et les attribuaient aux uns ou aux autres. Un jour, les anglais ont imposé un siège sur Jaffa. Ils ont fermé les deux ponts qui permettaient l'approvisionnement de la ville. Les prix ont grimpé et les magasins se sont rapidement vidés. Je me souviens avoir fait toutes les boutiques pour acheter de la farine, j'en ai pris deux unités pour faire des provisions mais après, c'était impossible d'en trouver. Les vendeurs tentaient de répartir ce qu ils avaient équitablement à tous les habitants. Au bout d'un mois de siège, nous n'avions plus rien à manger. Les résistants nous ont dit que ceux qui pouvaient, devaient s'échapper.
Comment s'est déroulé votre voyage jusqu' à Naplouse ?
Lorsque nous avons décidé de partir, nous avons beaucoup réfléchit, car à la sortie de la ville, la Haganah (ndlr : groupe paramilitaire juif) nous persécutait. Ils entraient même dans la ville : souvent, lorsque mon mari allait nourrir ses bêtes, les hommes de la Haganah lui tiraient dessus. Nous sommes finalement partis avec le premier groupe. Nous avons été chanceux, car les suivants se sont faits arrêtés et souvent exécutés. Je suis partie en direction de Qalquilia avec mon mari, mes neuf enfants et quelques oncles et tantes. Sur le chemin, mes deux filles de trois ans sont mortes. Nous sommes arrivés à Qalquilia sans rien. Un mois après, ils nous ont rattrapés. Ils ont tiré de tous les cotés. Je ne sais pas si c'était un groupe juif ou l'armée anglaise, mais j'ai reçu une balle dans l'épaule. J'ai pris mes enfants et j'ai courut me réfugier. Nous nous sommes échappés vers Naplouse, ou nous avons vécu quatre ans dans une grotte. La situation etait particulièrement difficile. L'hiver, la neige recouvrait totalement l'entr'e de la grotte. Nous nous sommes fait de nouveau attaqu's et les palestiniens de la ville ont fini par nous aider ainsi que les gens du camp de l`Ein. Ils nous ont donn" des couvertures, une pour chacun d"entre nous. Etant donné notre nombre important, le roi Hussein de Jordanie nous a fourni des petits terrains de sept mètres sur quatorze, avec l'aide de l'UNRWA (ndlr : United Nations Reliefs and Works Agency). Sur mes neuf enfants, seuls cinq ont survécus.
Que pensez-vous de cette journée de la Nakba, c'est important pour vous le droit au retour ?
Pour moi, la Nakba se vit chaque jour. Les gens ne peuvent pas comprendre. Je suis retournée visiter Jaffa en 1976, ils ont construit un immeuble à la place de ma maison. J'avais 90 dunams avec trois maisons. Même s'ils me proposent de l'argent afin de renoncer à mon droit au retour, je n'en veux pas : je veux rentrer chez moi. Ce n est pas la faute des juifs mais des anglais, car nous vivions sous leur reponsabilite. Quand je suis partie, je n ai meme pas pris mon papier de propriété car je pensais que nous reviendrions une fois les problèmes terminés. - S'adressant à son petit fils - Si vous finissez par retourner vivre sur nos terres et que je suis décédée, prenez mon corps avec vous.
Nadia S.
11 commentaires:
Un témoignage émouvant et nécessaire pour les générations d’aujourd’hui, surtout pour tous ceux qui sont en train de s’entretuer en ce moment même à Gaza. Il y’a ce passage très révélateur : « A cette époque à Jaffa, un groupe de palestiniens commençait à s'organiser pour résister à l'occupation britannique. L'armée anglaise faisait des descentes régulières dans notre ville. Aidés par des collaborateurs palestiniens » on dirait la Palestine d’aujourd’hui ; des collaborateurs et des Pétain sévissent en Palestine !
Chère Nadia,
Quelle tristesse ! Un éternel recommencement en somme. Pourvu que ça prenne fin.
Où es-tu en ce moment, avec les bombardements de Tsahal?
Bonne chance et bon courage !
Bon courage, et bonne continuation pour ton noble combat.
Je n'arrive toujours pas a comprendre comment peut on être encore sioniste, aujourd'hui, decidement le mal, ne disparaitra jamais.
Amicalement Nasser
Je suis toujours en Cisjordanie : impossible de se rendre a Gaza, même les diplomates français qui y habitent sont coincés en Israël. Je pousuis mon petit bonhomme de chemin dans la Cisjordanie occupée... ici pas de bombardements mais des incursions quotidiennes un peu partout...
a bientôt.
Nadia
Salam Nadia !
Peux tu mettre un lien (e-mail) permettant de te contacter ! le mien est chahidlive@yahoo.fr merci.
Salut j'ai découvert ton blog par l'intermédiaire de http://zeitoune2007.blogspot.com/ blog de Philippe que tu as croisé. Depuis le 1er mai on a pas trop de nouvelles de lui. sais un peu si ou il est allez apres Palestine-Israel ? ou si il est toujours en Israel-Palestine. Donnes moi des nouvelles si tu en as.
Merci pour ton blog Thib
Nadia,
je lis ton blog, et j'avoue que tu m'épates!!j'imagine qu'il y a de terribles moments et tes témoignages en sont le reflet!continue et fais attention à toi.
bises
Carla J.
salam nadouche*
voilà mon guerillero repecté comme je l'aime.
mais mon amie me manque!
donne moi de tes nouvelles, ou des coordonnées tél si possible, j'ai besoin d'entendre ta voix!
Ne les laissons pas tomber allons visiter la Palestine, je vous le dis c'est possible.
N
Bonsoir,
Ne les laissons pas tomber, allons visiter la Palestine, c'est possible.
Nadine
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Sincerely,
Johnie Maverick
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